“Elysium”

​Los Angeles, 2145. Le chaos règne sur la Terre où les habitants tentent de survivre par tous les moyens. Une élite vit en orbite sur un habitat spatial de luxe nommé Elysium. Impossible pour les terriens de se rendre sur Elysium, l’accès leur étant interdit et contrôlé par des robots, le tout orchestré par la scrupuleuse secrétaire de la Défense Delacourt (Jodie Foster). Sur Elysium, l’excès et le plaisir règne dans un univers exclusivement caucasien. À Los Angeles, les hispanophones, asiatiques, noirs et terriens d’autres cultures co-habitent dans la pauvreté, la violence et la maladie. Puisque les maisons d’Elysium sont toutes équipées de machines médicales hyper spécialisées pouvant guérir n’importe quelle maladie (des Med-Pods), les terriens tentent par des moyens illégaux de se rendre sur l’habitat en orbite, c’est le cas de Max deCosta (Matt Damon), un ancien criminel travaillant maintenant dans une usine de fabrication de robots, qui veut se rendre sur Elysium pour se guérir, mais aussi la fille d’une amie d’enfance et, par défaut, tous les autres terriens, à moins que l’agent Kruger (un Sharlto Copley parfaitement diabolique!) ne puisse l’arrêter!

elysium poster

Le propos du réalisateur Neill Blomkamp est clair: le 1% des ultra-riches du monde vit d’excès, tandis que le 99% restant tente de survivre, mais l’emphase de ce film est plus spécifiquement sur l’accessibilité aux soins de santé universels. Sur Elysium, il y a des Med-Pods, mais sur Terre les hôpitaux sont surpeuplés et le personnel n’arrive pas à fournir tous les soins nécessaires. L’histoire se déroulant à Los Angeles, l’inaccessibilité aux soins de santé est une réalité présentement en cours durant le lapse de temps du film, tout comme maintenant. Malgré l’évidente parabole qu’est “Elysium”, le film prend malheureusement le chemin le plus court en se gavant de conventions hollywoodiennes dans sa narration, dans ses plans et avec une prédominance de scènes d’actions au profit du développement des personnages. Je n’eus guère l’impression de visionner du Neill Blomkamp mais plutôt du sci-fi générique d’Hollywood, et j’en suis tristement désenchantée…

La force majeure de “District 9”, le précédent opus de Blomkamp, fut son effet de surprise: personne n’avait entendu parler de Neill Blomkamp ni de Sharlto Copley, l’acteur principal du film, il était donc certain que cet effet ne pouvait être recréé avec “Elysium”. Par contre, les aspects que je retiens le plus de ce classique moderne sont l’originalité de la mise en scène​ (style documentaire, caméra à l’épaule)​ et de la structure narrative, mais surtout l’inoubliable personnage principal de Wikus van de Merwe (Copley). Wikus était un vent de fraîcheur dans le paysage de​s héros froids, distants et musclés des films de science fiction contemporain​s​, un antihéros par son allure et sa façon de penser hyper geek qui ne rentrait pas dans le moule classique.

Elysium

Elysium

​Mais il est naturellement injuste d’attaquer Blomkamp pour avoir créé un héros plus typiquement hollywoodien dans son “Elysium”, mais il aurait pu s’efforcer de le rendre attachant! En fait, un des plus gros crimes de “Elysium” est le sous-développement des personnages principaux, empêchant l’auditoire de saisir leur pouls et d’avoir la volonté de s’attacher à leur cause.  Même si je voulais le mieux pour deCosta, cette empathie était par défaut car il était le “gentil” du film… même la méchante Delacourt était vide d’intérêt. En fait, le personnage que j’ai préféré est Kruger, le mercenaire à tendances psychopathiques, interprété par Copley! Excessivement violent et terrifiant, son agent Kruger était le personnage le mieux défini; Copley avait une interprétation fluide et animée de son personnage, faisant en sorte qu’il se démarque contrairement aux oscarisés Foster et Damon qui, même si bons, interprétaient de façon uniforme et ennuyante. Ce sont les scènes de Copley qui levaient le film et faisaient en sorte qu’on pouvait partiellement pardonner ses éléments plus stéréotypés…

Agent Kruger (Copley): EVIL!! EVIL!! GLORIOUSLY EVIL!! ;)

Agent Kruger (Copley): EVIL!! EVIL!! GLORIOUSLY EVIL!! 😉

En fait, la déception majeure réside dans les raccourcis scénaristiques et les clichés meublant l’histoire, donnant l’impressionnant de vouloir rendre le film plus accessible en éclipsant le propos, mais le transformant en produit générique. Est-ce que le fait d’avoir un budget de 100 millions de dollars, quand “District 9” n’a coûté qu’un “maigre” 30 millions, aurait quelque chose à avoir la-dedans? Soit se laisser emporter par ses idées de grandeur et perdre le sens de son histoire? C’est possible, c’est toujours une appréhension que je vis lorsqu’un cinéaste se voit donner un budget ridiculement élevé, plus souvent qu’autrement, mon appréhension est fondée, comme c’est le cas avec “Elysium”. Je suis sévère car j’adore Blomkamp: sa fougue, ses idées et son énergie transparaissent dans ses films. Je m’attendais à ce que cette énergie se reflète aussi dans une histoire unique et surprenante. La déception fut imminente, mais la colère est impensable car j’ai espoir que Blomkamp pourra créer dans le futur un film qui me marquera autant que “District 9”, sans devenir la risée du cinéma hollywoodien comme l’est devenu M. Night Shyamalan…

LE MOT DE LA FIN: Le sujet de l’accessibilité aux soins de santé universels, un sujet au coeur des intérêts des américains de l’ère Obama, méritait un film pouvant mieux exprimer l’importance et la valeur de ce besoin essentiel. Cela ne rend pas “Elysium” forcément mauvais, juste décevant quand nous connaissons le potentiel de Blomkamp! L’espoir demeure que le prochain Blomkamp sera supérieur… j’ai confiance!! Verdict? ATTENDEZ LE DVD!  

DERNIERS DÉTAILS: “Elysium” (2013) réalisé et scénarié par Neill Blomkamp, mettant en vedette Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley, Alice Braga et Diego Luna. 

2 thoughts on ““Elysium”

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