“War Horse”

Je vais être honnête avec vous, je ne suis pas allée voir ce film pour les bonnes raisons. À ce temps-ci de l’année, je me mets en “mode productivité” pour les Oscars. Je lis plusieurs blogues sur ces prix et d’autres récompenses pour le cinéma, et je m’assure donc de voir le plus de films possible avant les Oscars. Grâce aux blogues, et mes connaissances très développées (mais très peu nécessaires) dans ce domaine, il est facile pour moi de connaître à l’avance ce qui a de fortes chances d’être mis en nomination. Même si la bande-annonce de “War Horse” était d’un ennui mortel, je suis allée le voir car ces chances de nominations sont quasi assurées! Bienvenue au mois de janvier!

Je ne suis pas non plus une grande fan de Spielberg. Je reconnais son énorme apport au cinéma, mais à part pour ces films plus crus, je trouve que ces films tournent trop facilement au mélodrame. La musique est sirupeuse, il y a un excès des plans close-ups, et des plans de paysages, bref, je trouve que son style de réalisation distrait beaucoup et enlève à l’histoire. C’est un style qui crit “ne m’oubliez pas! je suis le réalisateur! je suis là même si vous ne me voyez pas!” Mais lorsque Spielberg met son ego de côté, il arrive à créer des grands films comme “Schindler’s List”, “Munich”, “Saving Private Ryan”, entre autres.

Maintenant que toutes les cartes sont sur la table, voici ce que je pense de  “War Horse”: c’est du classique Spielberg. Un Spielberg qui comprend les critères cités plus haut. Un film qui se veut familial, accessible, émouvant et esthétiquement beau, quoique violent par moments, on parle d’un cheval de guerre après tout.

Familial : L’histoire tourne autour d’une famille et leur relation avec leur cheval nommé Joey, en particulier le lien que développe le fils unique de la famille, Albert. Lorsque Joey est vendu à l’armée britannique au début de la Première Guerre Mondiale, Albert pleure Joey comme si c’était un de ses parents. On suit donc Joey d’un pays à l’autre, côtoyant plusieurs personnages, en parallèle avec un Albert qui combat aussi dans la même guerre. SPOILER: Évidemment, par un concours de circonstances improbables, ils se retrouvent à la fin!

Accessible : même si le cheval voyage d’un pays à l’autre (Angleterre, France, Allemagne), tout le monde parle… ANGLAIS! (Avec un accent du pays au moins!) Quel irritant! Spielberg a rarement viré vers les sous-titres. Je ne peux m’empêcher d’être irritée de voir deux personnages français se parler entre eux en anglais, tout comme deux personnages allemands se parler en anglais. Ce n’est pas normal! C’est un exemple de « dummification », l’art de prendre ses spectateurs pour des imbéciles et donc de tout expliquer et de rendre tout trop facile pour eux. Je n’aime vraiment pas ça! Ça m’aurait fait plaisir de lire des sous-titres parce que ça aurait été normal d’en lire lorsque deux allemands ou deux français parlent entre eux… Tarantino, où es-tu quand j’ai besoin de toi?

Émouvant : Excès de close-ups et de pleurs des personnages féminins et masculins. Excès aussi de la musique dramatique que seul John Williams peut faire. Ouf! Je sentais qu’on me forçait une émotion, plutôt que je puisse avoir ma propre émotion selon mon expérience et mon interprétation du film. Monsieur Spielberg, il faut laisser le scénario et les acteurs faire leur travail! Ah la la…

Esthétiquement beau : Janusz Kaminski est un grand directeur photo, ayant travaillé sur la majorité des films de Spielberg dont « Schindler’s List » et « Saving Private Ryan », pour lesquels il a remporté un Oscar. Par contre, j’ai à plaindre l’éclairage. Lorsque les scènes se trouvaient à l’extérieur (maison d’Albert et sa famille), il y avait toujours un air de faux. Je n’ai jamais eu l’impression que l’extérieur était réaliste à cause de l’éclairage trop fort et mal équilibré. Il y avait un air d’intérieur de studio. SPOILER : La dernière scène du film voit Albert revenir à la maison avec Joey aux aurores. Le rouge était aveuglant d’irréalité. Je n’avais jamais vu un rouge aussi agressant dans un ciel… mais bon, c’est peut-être un rouge qu’on trouve seulement « in England »?!?

Malgré tout ce que je dis, ce n’était pas un mauvais film, mais les nombreux irritants ne me l’ont pas fait apprécié autant que ça aurait pu. Peut-être que dans les mains d’un autre réalisateur, le film aurait mieux fonctionné pour moi… mais j’avoue qu’il y a peu de réalisateurs qui arrivent à créer des scènes de guerre aussi détaillées  que Spielberg. Il faut vraiment être maniaque pour vouloir en faire autant qu’il en a fait dans sa carrière. Je lui lève mon chapeau! Ces scènes-là étaient troublantes et à couper le souffle!

MOT DE LA FIN: Attendez que ça sorte en DVD, gardez votre argent dans vos poches! 

DERNIERS DÉTAILS: “War Horse” (2011) réalisé par Steven Spielberg, scénarisé par Lee Hall et Richard Curtis, mettant en vedette Jeremy Irvine, Emily Watson, David Thewlis, David Kross, Tom Hiddleston et Benedict Cumberbatch (that’s like the coolest name ever!).