“Warrior”

Même si ce blogue a comme mandat principal de discuter de films présentement en salles, je ne peux pas passer à côté de l’extraordinaire “Warrior”. De toute façon, il a une nomination aux Oscars donc ça le rend quand même d’actualité!

Les bandes-annonces nous font croire que ce film est un drame sportif, je dirais que c’est plutôt un drame familial déguisé en drame sportif. Tommy Conlon (Tom Hardy) est un ancien de la Marine américaine, qui retourne chez son père (Nick Nolte) à Pittsburgh avoir servi en Irak. Il est renfermé, colérique et parle peu, mais nous savons qu’il a eu un passé difficile avec son père Paddy, un ancien alcoolique, et son frère Brendan (Joel Edgerton), qui est maitenant marié, père de famille et vivant à Philadelphie. Le début du film laisse entendre que Paddy a été un père violent et que Tommy et sa mère ont quitté Paddy, sans Brendan, ce qui sous entend un passé trouble qui sera tranquillement dévoilé tout au long du film. Par un concours de circonstances, Tommy décide de s’inscrire dans une compétition d’arts martiaux mixtes et avec les gains, il pourra aider financièrement la veuve de son meilleur ami mort en service en Irak. Entre temps, nous suivons l’histoire de Brendan, ancien combattant du UFC, qui est maintenant professeur au secondaire, marié et père de deux filles. Brendan et sa femme ont des grosses difficultés financières et pourraient perdre leur maison. Question de ramasser des sous supplémentaires, Brendan participe dans des petits combats illégaux d’arts martiaux mixtes. Les rumeurs circulent à l’école où Brendan travaille quant à ses activités noctures, ce qui lui vaut une suspension sans salaire. Ne voyant aucune autre avenue à prendre, Brendan s’inscrit aussi au même concours d’arts martiaux mixtes que son frère. Les deux frères aliénés ne savent pas qu’ils se retrouveront lors de ce concours. Leurs retrouvailles forcées sont troublantes et touchantes, je ne pouvais m’empêcher de pleurer d’émotion, ce qui ne m’arrive pas souvent. 

Ce qui m’a marqué dans les premières images du film, c’est la froideur et la noirceur de la ville de Pittsburgh, où les personnages les plus malheureux (Tommy et Paddy) habitent. Par contre, les premières images de Philadelphie montrent une ville ensoleillée où il y a une joie de vivre, soit la ville où Brendan, père de famille dans un mariage heureux, habite. Par contre, au fil du temps, ces deux villes de Pennsylvanie se ressemblaient de plus en plus. Au courant du film, je découvrais de plus en plus les jardins secrets des personnages. Je ne voyais plus de différence entre Philadelphie et Pittsburgh, ces villes avaient l’air pareil, comme deux frères aliénés qui se retrouvent et qui ont plus en commun qu’ils ne pensaient à l’image des deux frères du film.

La maîtrise du côté émotif des relations entre père et fils et entre les deux frères est la plus grande qualité de ce film. Certaines scènes étaient déchirantes au point où j’en avais les larmes aux yeux. Par exemple, Tommy est très dûr envers son père, certaines choses qu’il lui dit sont carrément méchantes, même si nous devinons qu’il mérite de recevoir ces injures. Je sentais de l’empathie pour le père, qui essayait farouchement de renouer les liens avec ses fils, tout en ayant de l’empathie pour les fils qui ont dû souffrir beaucoup lorsque plus jeune. Je me sentais constamment déchirée! Ce type de déchirement est tellement rare dans les films que je trouvais ça rafraichissant! Le scénario était tellement bien écrit que je crois que tous peut s’identifier, ou au moins comprendre, la douleur des personnages principaux. 

Nolte est crédible dans le rôle du père de cette famille déchirée, essayant bien malgré lui de renouer les liens avec et entre ses fils. Qu’il se mérite une nomination aux Oscars m’étonne comparé aux fortes prestations de Hardy (méconnaissable et à des années lumières de son personnage confiant et charmant dans “Inception”) et Edgerton, qui était excellent dans le rôle du père de famille essayant de tout faire pour améliorer son sort malgré tous les problèmes qui lui arrive. J’ai découvert Edgerton grâce à ce film et j’ai bien hâte de le revoir dans un autre. La souffrance de son personnage m’affectait beaucoup, je pouvais m’identifier à plusieurs choses qu’il vivait, probablement car je suis parent moi-même. À mon avis, le personnage de Brendan était le coeur du film, un coeur que je ne sentais pas aussi fort ni aussi vrai dans un autre drame sportif/familial récent (“The Fighter”) qui a été beaucoup plus primé aux Oscars…

J’étais déçue de découvrir que peu de monde a vu “Warrior” en salles (à peine 13 petits millions au box office 😦 ) et qu’il a été rapidement oublié, malgré de bonnes critiques (83% sur le site Rotten Tomatoes). Si je peux comparer ce film à “The Fighter”, c’était nettement supérieur! Je crois que “Warrior” a été victime d’une mauvaise campagne de marketing. Lionsgate, le studio de distrbution, avait décidé de sortir le film à grande échelle et c’était un erreur. N’ayant pas de grosses vedettes, mais fort de plusieurs critiques élogieuses, le film aurait gagné à être présenté sur moins d’écrans, laissant le bouche à oreille faire son travail, pour ensuite jouer sur plus d’écrans et avoir une plus longue vie en salle. Cette technique n’est pas infaillible mais elle fonctionne généralement bien avec les films de petits studios (“The King’s Speech”, “Slumdog Millionaire”), et ça aurait peut-être avantagé “Warrior” au point de se rendre aux Oscars dans plus d’une catégorie! Je crois vraiment que le calibre du film est assez élevé pour se rendre aux Oscars, mais comme tout produit, si le film n’est pas bien vendu aux membres de l’Académie, ceux-ci ne voteront pas pour lui! Mais bon, ce qui compte est que vous voyez le film, pas les trophées!

En regardant le film, je ne pouvais m’empêcher de me dire que si j’avais vu ce film là plus tôt, il aurait pu être sur mon Top 10 de 2011! Un GRAND film!

MOT DE LA FIN: La qualité du scénario, de la mise en scène et des prestations des acteurs principaux font en sorte que si le film était encore en salles, je dirais ÇA VAUT LE PLEIN PRIX DU BILLET! À la place, je dis LOUEZ CE FILM LE PLUS VITE POSSIBLE!!

DERNIERS DÉTAILS: “Warrior” (2011) réalisé par Gavin O’Connor, scénarisé par Gavin O’Connor, Anthony Tambakis et Cliff Dorfman, mettant en vedette Joel Edgerton, Tom Hardy, Jennifer Morrison et Nick Nolte.