“Battle Royale” (“Batoru rowaiaru”)

Cette période de l’année est parfois difficile pour moi côté visionnements au cinéma car il y a peu de films intéressants. Nous sommes à mi-chemin entre la fin des Oscars et le début du Festival Fantasia et tous les autres festivals de films (je ne compte pas Cannes là-dedans car il n’est pas ouvert au public). C’est le moment propice de visionner des films sur ma trop longue liste de films à voir, et je nomme : « Battle Royale »!

Film japonais de 2000 que Quentin Tarantino a louangé comme étant un film qu’il aurait aimé avoir fait, en plus d’être son film préféré depuis 1992, soit l’année où il réalisa son premier film. Le titre vous est peut-être familier car il a souvent été cité lors de la sortie de “The Hunger Games” comme étant similaire à celui-ci mais plus violent. « Similaire » est un terme généreux, je n’ose pas utiliser le mot « plagiat » car l’auteure du livre The Hunger Games, Suzanne Collins, prétend ne pas avoir entendu parler de « Battle Royale » le livre ou le film qu’une fois que son livre fut publié, mais les similarités entre les deux histoires sont assez frappantes.

Suite à un mouvement de protestation étudiant qui amena 80 000 jeunes japonais dans les rues (que c’est familier…), le gouvernement japonais adopta la loi « Battle Royale » pour mieux contrôler ces jeunes enclins à la désobéissance et se moquant de l’autorité. Donc à chaque année, une classe d’une quarantaine d’étudiants choisie au hasard sont transportés sur une île déserte, collier électronique au cou, où ils devront s’entretuer jusqu’à temps qu’il reste un seul vainqueur. Si jamais il n’y a pas de gagnant après trois jours, les colliers exploseront et tous mourront! Ceux familiers avec l’histoire de « The Hunger Games » verront qu’il y a déjà beaucoup de similarités.

Les jeunes au tout début de la compétition

Mettons à part les ressemblances pour parler du film. Pour moi, le défi d’un film sous-titré est de pouvoir embarquer son auditoire dans l’histoire malgré la « béquille » du sous-titrage. Personnellement, les sous-titres ne me dérangent pas, mais j’ai conscience que ce n’est pas le cas pour tous, plusieurs personnes préférant le doublage pour faciliter l’évasion dans l’histoire. Ceci étant dit, l’histoire est tellement forte et captivante que mes yeux étaient rivés à l’écran. Je ne pouvais arrêter de lire par peur de manquer un point marquant ou un tout petit détail de l’histoire.

Sachant que cette bataille royale était entre 42 étudiants, j’avais peur que le film perde son fil narratif à force d’être englouti par les histoires de trop de personnages. Heureusement, ce n’est guère le cas! Le scénario balance bien entre les histoires de quelques étudiants: un couple, le psychopathe, la nymphomane, un groupe de gars plus “techie”, etc. Ce bel équilibre rendait l’histoire très vivante. Le montage était bien serré, créant des moments de tensions efficaces et rehaussant la qualité du film qui, il est clair en le visionnant, avait un budget assez limité.

Contrairement à « The Hunger Games » (désolé mais je ne peux m’empêcher de comparer, c’est plus fort que moi!), « Battle Royale » a des histoires humaines beaucoup plus intéressantes. Puisque les personnes se trouvant sur l’île déserte sont des étudiants du secondaire, et donc des adolescents qui se connaissent depuis longtemps, il y a beaucoup de tensions entre certains personnages. Par exemple : une fille trouvant motif valable de tuer une autre car cette dernière lui a volé son copain; un groupe de filles prétendant être les meilleures amies du monde, se retournent contre elles mêmes quand une des filles est empoisonnée par la soupe qu’une de celles-ci a cuisiné. « Qui est coupable? » est la question qu’elles se posaient toutes pendant plusieurs minutes tendues. Cette dernière scène était excellente, savamment écrite et m’a beaucoup fait questionner. Comment percevrais-je mes amis si jamais j’étais butée au coin du mur, stressée par l’idée que je pourrais mourir à n’importe quel moment? Est-ce que j’aurais la force d’être objective, de prendre du recul pour pouvoir analyser la situation? Est-ce que je ferais comme les filles du film qui se sont aveuglément entretuées car elles ne pensaient qu’à se sauver la peau, pour quelques heures de vie de plus? C’est ce genre de moments que j’adore du cinéma; ceux qui font réfléchir des jours après le visionnement! Génial! « The Hunger Games » aurait pu avoir cela, mais le contenu du film et du livre n’ont pas engendré ce genre de questionnement chez moi. J’étais plutôt choquée, et je le suis toujours, par la cote de classement « G » attribuée au film… en tout cas…

Étant un film japonais au sens le plus pur, il y a tout de même des éléments exagérés qui, selon moi, ne font que solidifier l’appartenance culturelle du film à son pays. À titre d’exemple, avant de mourir, les personnages ayant plus d’importance ont toujours quelques minutes de plus pour dire une phrase clé avant que leur tête tombe d’un côté ou de l’autre. Le sang coule à flots, quoique pas plus qu’un film de Tarantino. C’est exagéré, oui, mais drôle et charmant! Surtout dans le cas d’un garçon qui a une hache accrochée sur la tête!

Mais quelle façon de mourir!

Et pour revenir à « The Hunger Games », que ce soit le fait que la bataille est expliquée aux jeunes par un vidéo, par une animatrice hyperactive, qu’ils se trouvent sur une île déserte pour s’entretuer, qu’ils sont filmés 24/7, que deux amis deviennent un couple durant la compétition et gagnent ensemble (oui, il y a plus d’un gagnant dans les deux films), et que ceux-ci ont fait en sorte que la compétition créée par l’autorité adulte soit arrêtée : tous ces éléments se retrouvent DANS LES DEUX FILMS (et livres)! Coïncidence ou plagiat? Je vous lance la question…

LE MOT DE LA FIN : Une brillante science-fiction qui jumelle le meilleur des deux aspects du cinéma : être à la fois un bon divertissement et un film qui fait réfléchir! Ce n’est pas pour rien que plusieurs critiques le perçoivent comme étant un classique. Verdict? LOUEZ LE TOUT DE SUITE!

DERNIERS DÉTAILS : « Battle Royale » (2000) réalisé par Kinji Fukasaku, scénarisé par Kenta Fukasaku, basé sur le livre « Battle Royale » de Koushun Takami, mettant en vedette Tatsura Fujiwara, Aki Maeda, Tarô Yamamoto et Takeshi Kitano.

12 thoughts on ““Battle Royale” (“Batoru rowaiaru”)

  1. j’avais adoré ce film…il fait parti des films qui ont contribué à faire de moi une Fan Asia coté cinéma et animé 🙂 …j’ai réalisé que les autres films que je voulais te passer ont été prêté :(…
    ce film fait refléchir et après des années j’ai des scènes encore dans ma tête…c’est fort non ! 🙂

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    • OUI!! Je ne taris pas d’éloges sur ce film! Depuis que je l’ai vu, je n’arrête pas d’en parler, souhaitant convaincre les gens de le voir pour qu’ils puissent comparer à “The Hunger Games”… en espérant qu’ils puissent être convaincus que ceci est meilleur. Pas que THG est mauvais, mais les histoires sont TROP similaires! C’est à se poser des questions… Bref!! Oui, c’est très fort et si le film était de 2012, il serait assurément dans le haut de mon Top 10 de l’année!! EXCELLENT!!

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  3. Tu m’as gâcher mon deuxième future royale battle à cause de ta critique. Désormais, je “sais” ou plutôt je suppose déjà qui gagnera à cause du mot “couple”. Bon, tant pis, ça m’apprendra à lire les critiques avant d’avoir tout visionnés.

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    • Désolé de vous avoir gâché le deuxième “Battle Royale”, mais comme vous le dites si bien, c’est un risque à prendre en lisant des critiques. Malgré cela, si je me fis uniquement au premier film, n’ayant pas encore vu le deuxième, “Battle Royale” est tellement fort que même si j’avais su qui a gagné, je l’aurais tout de même apprécié tellement le scénario était bien écrit et le film savamment monté. Je souhaite que le deuxième film soit d’aussi bonne qualité!

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  5. À première vue, ce film-là me donne l’impression d’un film d’horreur. Possiblement même horreur série B…
    Je sais pas… C’est dans l’ambiance des previews. Ça me donne moins envie de le voir. Mais bon, je vais tenter de garder l’esprit ouvert. On s’en reparlera.
    Quand à savoir s’il y a eu plagiat pour Hunger Game, qui sait? Les américains aiment bien remettre à leur sauce les histoires des autres. Instinctivement Ringu me vient en tête. Mais je pense qu’ils préfèrent des termes comme inspirer ou adapter.

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    • Comme vous le dites Fraulein, il faut lui donner une chance, d’autant plus que Quentin Tarantino a dit que c’est son film préféré des 20 dernières années! En le voyant, on comprend pourquoi 😉

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  6. Toute cette tuerie !
    J’ai eu du mal à m’endormir. Je vais sûrement m’endormir sur le sofa vers 19:30 ce soir…

    Il y a en effet quelque chose de très Tarantino dans ce film.
    Je l’ai trouvé divertissant, mais de mon point de vue, il perdait souvent sa crédibilité.
    Pour ce qui est de la comparaison avec les jeux de la faim… Bien les enjeux et le contexte sont différents. Peut-être y a t-il eu une inspiration, mais ce n’est pas non plus du copier/coller.

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    • La tuerie était faite de façon très BD, un peu comme Kill Bill ! Oui les jeux sont différents, mais je trouvais que le propos avait plus de profondeur malgré l’enrobage un peu “cartoonish”, plus une question de moyens financiers ne pouvant donner la finesse d’image et de direction artistique des Hunger Games selon moi…

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  7. Pas facile de s’endormir dans l’autobus après ça, j’ai peur de me réveiller avec un collier.

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