“Boyhood”

Lorsque l’on parle d’innovation dans le domaine du cinéma, la conversation tourne souvent autour des progrès technologiques : l’utilisation du 3D dans « Avatar », la capture du mouvement auquel se prête régulièrement Andy Serkis dans la série de “Lord of the Rings” ou dans la nouvelle série des “Planet of the Apes”. Les innovations citées ne tournaient jamais autour du scénario et l’histoire… jusqu’à ce que « Boyhood » arrive!

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La prémisse est d’une simplicité ahurissante, quoique la prise en charge d’un tel projet cinématographique relève du courage, « Boyhood » tourne autour du jeune Mason (Ellar Coltrane) que nous découvrons de l’âge de 6 à 18 ans. Nous voyons l’évolution de l’enfant en première année du primaire vers l’adolescence et l’âge adulte, alors qu’il vit avec sa mère monoparentale Olivia (Patricia Arquette) et sa grande sœur Samantha (Lorelei Linklater), et voit sporadiquement son père Mason Sr. (Ethan Hawke).

Il n’y a pas d’effets spéciaux, de zombies ou de situations rocambolesques, c’est la vraie vie que nous présente « Boyhood » avec une sensibilité et une finesse qui font que tous peuvent se retrouver dans cette histoire. Les dialogues sont d’une grande richesse et d’une sincérité reflétant la réalité, comme seul Richard Linklater peut le faire. Je repense souvent à des scènes et des moments du film car ils résonnent encore en moi. Mais il n’y a pas juste le scénario qui est fort, la mise en scène impressionne par sa cohésion. « Boyhood » a été tourné pendant quelques jours à chaque année pendant douze ans pour former le film dont je vous parle, il fallait un metteur en scène attentionné et une équipe flexible pour créer le tout. Le film semble avoir été créé sans effort, quoique nous pouvons facilement deviner les complications d’un tournage échelonné sur autant d’années.

Ellar Coltrane sur douze ans

Ellar Coltrane sur douze ans

Compte tenu que le film se déroule sur douze ans, c’était agréable de voir l’évolution des enfants mais aussi de la musique, des vêtements et de la technologie dans la vie des protagonistes. Au début du film, le jeune Mason travaille sur le tout premier modèle d’iMac, celui avec l’écran bombé et coloré – qui ne l’a pas utilisé! À la fin du film il a un téléphone intelligent et discute de Facebook et de sa pertinence – qui n’a pas eu cette conversation!

C’est drôle, il y a tellement que je pourrais dire sur ce film, mais en même temps rien du tout, « Boyhood » est une expérience qui se vit, une œuvre unique qui marquera le cinéma américain contemporain. Finaliste pour six Oscars, plusieurs – dont cette blogueuse – croit que le film pourra remporter l’Oscar du Meilleur Film. Même si je ne crois pas que ce soit le meilleur film de l’année, je serais très heureuse que « Boyhood » gagne pour l’impact que celui-ci aura et pour ce qu’il représente, mais aussi pour célébrer l’influence qu’exerce Richard Linklater sur le cinéma et la nouvelle génération de réalisateurs. Son nom vous dit rien? Vous avez vu ou certainement entendu parler des films cultes « Dazed and Confused », « Slacker » et la trilogie des « Before Sunrise/Sunset/Midnight »! Dans l’univers actuel d’un excès de récompenses honorant le cinéma, les Oscars se distinguent par leur statut. Gagner un Oscar pour un artiste représente plus que l’oeuvre pour laquelle il a été cité, mais un prix célébrant l’ensemble de son oeuvre et la chance de continuer à créer des histoires qu’il choisit de raconter.. Pour cette raison, je souhaite fortement que Linklater en tienne un dans ses mains le 22 février prochain, ce serait amplement mérité.

LE MOT DE LA FIN : Une célébration de la vie, un film touchant dans lequel tous peuvent se retrouver. Un projet ambitieux, “Boyhood” fonctionne grâce à une mise en scène fluide chapeautée par un superbe scénario et des prestations fortes, en particulier de la part d’Arquette et Hawke. Verdict? 9,5/10

DERNIERS DÉTAILS : « Boyhood » (2014) scénarisé et réalisé par Richard Linklater, mettant en vedette Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Lorelei Linklater et Ethan Hawke.

5 thoughts on ““Boyhood”

  1. Pingback: Oscars 2015: les nommés sont… | WATTS AT THE MOVIES

  2. On a pas tous les mêmes films cultes, car je crois bien que c’est mon premier de M.Lienplustard. Effectivement, il nous présente ici un concept tout à fait original qui a probablement dû exiger une adaptation constante au fil des ans afin d’y intégrer les changements technologiques, politiques ou autres. good job!

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    • M. Lienplustard? Je vois que vous n’êtes qu’au début de vos vacances et donc l’inhabileté de faire des bonnes blagues est dûe à votre grand besoin de repos… 😉

      Quand je citais les films cultes, je ne voulais pas dire mes propres films cultes, je citais des titres qui sont considérés comme des films cultes du cinéma américain des vingt dernières années et les films de M. Linklater sont souvent énoncés.

      Oui, une adaptation constante animée par un désir de raconter cette histoire sur douze ans. Linklater voulait tellement que ce projet voit le jour qu’il a demandé à Ethan Hawke qu’il le complète à sa place s’il mourait! Heureusement, ce n’est pas arrivé!

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