“Mommy”

​Je n’ai vu que deux films de Xavier Dolan. À chaque fois que j’apprenais qu’un nouveau Dolan sortait, je me disais toujours qu’il fallait que je vois le premier et ensuite tous ceux qui suivirent avant de voir le dernier venu, même si ce n’était pas requis – les films de Dolan sont distincts et ne font pas partie d’une chronologie. Bref, mon entêtement de Taureau me priva jusqu’à récemment de belles expériences cinématographiques car après avoir vu “J’ai tué ma mère”, je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas vu un Dolan avant. Ne voulant pas rater la chance de voir “Mommy” sur grand écran dans l’inhabituel ratio 1:1, j’ai fait fit de ma ridicule règle de voir les trois autres films que je n’ai pas encore vus… quoique ça ne devrait tarder!

mommy-poster ​Cinq ans séparent le premier et le dernier Dolan, et en cinq ans, Dolan évolue merveilleusement bien. L’évolution est naturellement plus frappante lorsqu’on n’a pas vu les autres films du cinéaste, mais elle a pour effet de me faire apprécier davantage le talent de Dolan et me donne encore plus le goût de voir ses films précédents.

Dans un Canada du futur rapproché, Diane « Die » Després (Anne Dorval), une veuve monoparentale, tente de prendre soin de Steve (Antoine-Oliver Pilon), son adolescent ayant TDAH et troubles affectifs qui s’est fait montrer la porte de son institution psychiatrique. Malgré avoir récemment perdu son emploi, Diane est motivée à joindre les deux bouts et remettre son fils sur pied en l’éduquant à la maison. Ils recevront de l’aide de leur voisine Kayla (Suzanne Clément), une enseignante en congé de maladie, mais la lune de miel sera de courte durée lorsque des problèmes rattraperont Diane et Steve…

Le ratio 1:1 sert merveilleusement bien le film et ses personnages. Nous pouvons rentrer davantage dans leur intimité, captant le non-verbal qui sous-tend chaque parole des trois personnages centraux. Le 1:1 facilite notre compréhension des personnages complexes qui façonnent ce film. J’eus peur d’être distraite par ce ratio mais puisqu’il est parfait, je n’avais rien à craindre 😉

Mommy-lmc-06 Les prestations des trois acteurs principaux sont superbes, mais Anne Dorval brille plus fortement dans le rôle de Diane, un rôle complexe où elle doit composer avec nombreux deuils (décès de son mari, l’incapacité de prendre soin de fils) tout en donnant l’impression d’être constamment en contrôle et la plus forte des trois. Ils sont attachants malgré qu’ils ne soient pas toujours des gens faciles à apprécier. Je mentionne souvent les trois car ce triangle de personnages co-dépendants est au cœur du film. Cette affection l’un pour l’autre aura des bienfaits pendant un certain temps, faisant ressortir le meilleur d’eux-mêmes, mais une co-dépendance ne peut fonctionner à jamais…

L’histoire aurait pu être traitée de façon excessivement morne mais Dolan arrive à balancer la lourdeur avec un humour intelligent et dosé. Je me suis étonnée de rire aux éclats lors de mon visionnement. Cet équilibre crée un film accessible – sans que ce soit un défaut. Diane doit prendre des décisions difficiles, entre autres accepter qu’elle ne peut prendre soin de son fils, et on ne peut qu’emphatiser avec ces choix et lui souhaiter de pouvoir vivre avec ce grand deuil…

LE MOT DE LA FIN : Une œuvre magistrale qui vous secouera le cœur et l’esprit. La maitrise de la mise en scène chez Dolan est impressionnante, celle-ci est bonifiée par son excellent scénario et les grandes prestations de Clément, Pilon et surtout Dorval. J’en suis encore bouche bée! Verdict? 9,5/10

DERNIERS DÉTAILS: “Mommy” (2014) écrit et réalisé par Xavier Dolan, mettant en vedette Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément et Patrick Huard.

5 thoughts on ““Mommy”

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  2. Un bel exemple de très bon film québécois!
    Anne Dorval est excellente.
    Comme vous le dites si bien, Frau Professor, Dolan nous fait voyager à travers toute une gamme d’émotions et j’ajouterai qu’il nous pousse également à la réflexion pendant quelques jours.

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    • Bien dit Schüler! En effet, c’est un film qui fait réfléchir – dans mon cas – sur ce que je ferais dans une situation similaire, mais qui est aussi porté en nous par sa beauté et sa franchise. Ah… :).

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