“Children of Men”

Ce film me hantait depuis des années: je savais que je devais le voir, mais l’opportunité ne s’était pas présenté… et le temps fit que le film fut relégué aux bas-fonds de ma mémoire. Mais, tel un fantôme nous hantant et ne lâchant guère prise, à chaque fois que quelqu’un me parlait du film – toujours en bien – la honte de ne pas l’avoir vu me mis dans l’embarras. À chaque fois je me disais qu’est-ce que ce film avait de si extraordinaire pour que tous me disent qu’il fallait que je le vois? J’ai maintenant compris cet enthousiasme, ce désir de partager l’amour de son visionnement car “Children of Men” est réellement un grand film!

children-of-men affiche

Nous sommes en 2027, cela fait 18 ans que les femmes sont devenues infertiles, sans aucune raison. Cette situation cause un chaos semble-t-il irréparable à travers le monde, la civilisation est sur le point d’éclater. L’Angleterre étant un des seuls pays avec un gouvernement fonctionnel, des milliers d’étrangers cherchent à y trouver refuge pour éviter les guerres dans leur propre pays. Conséquemment, le gouvernement anglais impose un régime militaire et emprisonne ou exécute tout étranger. Il va sans dire que l’atmosphère est lourde et tendue. Theo (Clive Owen) est un ancien activiste devenu bureaucrate cynique suite au décès de son fils il y a presque 20 ans. Il ne détient aucune motivation à travailler, sombrant facilement dans l’alcool grâce au flacon qu’il transporte avec lui en tout temps. L’ex-femme de Theo, Julian (Julianne Moore), qu’il n’a pas vu depuis le décès de leur fils, recrute malgré elle son ex pour une mission importante, dans le cadre de son rôle de chef de l’organisme “terroriste” nommé The Fishes, soit celle de transporter une femme enceinte (eh oui!) discrètement, sans que que son “état” soit connu, à travers les points militaires du pays et vers un monde meilleur nommé The Human Project.

Une science-fiction dystopienne est toujours complexe, certains films arrivent à bien créer cet univers alternatif et d’autres moins; “Children of Men” fait partie de ces films qui fonctionnent. Ce qui permet au spectateur d’embarquer dans cette dystopie est l’habileté du réalisateur Alfonso Cuaròn à nous transporter dans ce monde dès les premières images du film; des images d’un Londres déchu, mais ressemblant tout de même au Londres, physiquement et dans son ambiance, que nous connaissons, causant l’effroi chez le spectateur. Le travail de direction artistique est à féliciter pour avoir su créer un Londres apocalyptique plausible, voire effroyablement réaliste…

Des prisonniers...

Des étrangers et donc, par défaut, des prisonniers…

La cinématographie facilite aussi cette immersion; elle est non seulement de toute beauté mais elle est aussi mémorable, mettant en scènes de nombreux plans séquences complexes lors de moments importants du film. Un plan séquence m’ayant marqué implique Theo allant à travers un immeuble délabré, y monter ses escaliers sans se faire tirer dessus, y retrouver la femme enceinte, pour ensuite quitter l’immeuble avec celle-ci, une scène durant plus de sept minutes. Les aspects techniques de ce type de scène m’impressionnent toujours, en plus d’être une des scènes les plus émotionnellement chargées du film. C’était magnifique!

Clive Owen, dans le meilleur rôle de sa carrière selon moi, est l’âme du film. Jouant le “everyman” (l’homme ordinaire), avec humilité et empathie, Owen se transforme tout au long du film : de l’alcoolique détestable grattant les fonds de tiroir, au protecteur de la seule femme enceinte au monde. Owen rend Theo sympathique et accessible au point où tous peuvent se retrouver en lui, portant en lui les thèmes du film de la peur, l’espoir et de la foi. Cette accessibilité et ces thèmes humains, auxquels nous faisons face tous les jours quoique sur une échelle moins dramatique, facilite notre immersion dans cette dystopie.

Cease fire

Theo (Owen) et la femme enceinte, Kee (Ashitey) durant le cessez-le-feu émotionnellement chargé du film.

Mais ce qui marque le plus du film est le désespoir et le chaos créé par l’absence des enfants. Évidemment, le film nous place plusieurs années après leur disparition de ce monde, mais le fantôme de l’esprit de vivacité des enfants se fait sentir à travers le film. Tout acte de terrorisme, toute violence a comme arrière-pensée l’absence de l’innocence et de la joie de vivre qu’apportent des enfants. Et compte tenu du style réaliste – voire documentaire – du film, et avec toutes les atrocités se produisant dans le monde actuel, l’on pourrait croire que ceci pourrait réellement arriver. Malgré cet espoir à la fin lorsque (SPOILER) Kee est sauvée, il y a toujours cette peur qui demeure, rendant la conclusion satisfaisante et troublante à la fois… J’adore me faire chavirer de cette façon, ce n’était donc pas une déception que de ressentir ce mélange d’émotions à la fin du film.

LE MOT DE LA FIN: Un film spectaculaire, par son histoire et sa mise en scène, qu’on ne peut l’oublier. J’en frémis encore d’émotion! Verdict? LOUEZ-LE TOUT DE SUITE!!

DERNIERS DÉTAILS : “Children of Men” (2006) réalisé par Alfonso Cuaròn, basé sur The Children Men de P.D. James, scénarisé par Timothy J. Sexton, David Arata, Mark Fergus, Hawk Ostby et Alfonso Cuaron, mettant en vedette Clive Owen, Julianne Moore, Michael Caine, Pam Ferris, Chiwetel Ejiofor, Claire-Hope Ashitey.

3 thoughts on ““Children of Men”

  1. Très bon ce film, effectivement… Je ne me souvenais plus qui avait embauché le personnage de Clive Owen pour protéger la femme enceinte (j’ai vu ce film il y a plusieurs années), mais ce qui m’était resté c’est la lourdeur de la situation, le plan séquence incroyable, ainsi que la stupeur dans le visage des gens qui entendent le bébé pleurer. Thanks for the memories! 😉

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    • Ça me fait plaisir! Si tu en as encore des bons souvenirs plusieurs années après le visionnement, j’ai hâte de ressentir le même sentiment lorsque je le reverrai. Et à ce moment-là, je m’efforcerai de le voir sur ma télévision et non mon écran d’ordinateur portable question de mieux apprécier la beauté de la cinématographie 🙂

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  2. Pingback: “Gravity” | WATTS AT THE MOVIES

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